“Ainsi toujours poussés vers de nouveaux rivages
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges
Jeter l'ancre un seul jour ?"
Alphonse de Lamartine
Quand nous étions arrivés, le soleil était encore là. Le buste tiré en avant, hors de la fenêtre, on pouvait attraper les derniers rayons avant la grande tombée. Les mouettes tournoyaient dans un ciel d'orage avant de s'effondrer au milieu des surfeurs.
Les corps des nageurs ressemblaient au loin à des objets élastiques, des yo-yo qui descendaient les vagues le long des fils blancs en écumes.
La nuit peu à peu s'étira sur la grande plage, poussant les promeneurs à l'intérieur des terres. Les roches rousses sortirent et revêtirent pour l'obscurité de nouveaux habits. D’un voile émeraude, elles se parèrent et émergèrent de l’eau en de grosses lunes flottantes.
La nuit roula jusqu'au matin où le vent nous réveilla, lui se pressant comme un loup furieux contre la vitre. Les rafales pétrissaient les murs, nous donnant l'impression que les fenêtres menaçaient à chaque éclat de laisser entrer la gueule géante et humide du monstre contenu à l'extérieur.
Les vagues battaient les roches avant d'exploser en fumée blanche et nous, nous étions en haut du phare, les naufragés que la tempête avait pris au piège, les derniers témoins de la fin.
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